Chapitre 3
L’agenda secret 

L’engagement du Troisième Reich dans les Grands Prix des années trente n’est en général considéré que comme une curiosité, un fait divers n’ayant qu’un lointain rapport avec l’histoire de l’Allemagne nazie.
Rien n’est moins vrai.
Le programme automobile national-socialiste était un élément indispensable, vital, de la machine de guerre qui se préparait.

Les Autobahnen, tout comme les chaussées romaines, ne furent pas créées pour le tourisme.

Pour ce qui est des Volkswagen, l’idée était d’obliger tous les constructeurs allemands d’automobiles à fabriquer la petite voiture. Hitler voulait ainsi acquérir de l’expérience dans l’alignement de la production. Ce savoir-faire lui servirait au moment de se lancer dans l’industrie de guerre.
Néanmoins, cette partie du plan échoua. Aucun fabricant n’était intéressé par la Coccinelle de Ferdinand Porsche. Tous lui firent faux bond et Hitler se vit obligé de construire une usine flambant neuve, sur le domaine du comte Werner von der Schulenburg à Hesslingen. (En réaction, celui-ci prit part au complot de juillet contre Hitler et fut pendu en 1944.)

L’avantage de procurer une formation technique rapide à de larges couches de la jeunesse allemande était évident. Les plans pour la Blitzkrieg prenaient peu à peu forme : cette guerre éclair ne pouvait être menée avec des ploucs.

Enfin, avec le développement des voitures de course de haute technologie, Hitler contournait de façon apparemment innocente bien des recommandations du Traité de Versailles. Celles-ci ne disaient en effet rien sur les moteurs puissants, les nouveaux alliages de métaux et les carrosseries aérodynamiques des voitures de course.

Personne ne surveillait l’agenda caché du programme automobile. Personne ne se méfiait.
Pour la plupart des Allemands et, à cette époque, pour une masse de non-Allemands, Hitler n’était rien d’autre qu’un politicien génial qui extrayait d’une main de fer son pays des marécages d’une dépression profonde. Sous Hitler, l’Allemagne devint prospère et reprit du poil de la bête, tandis que beaucoup d’autres pays devaient se démener pour ne pas faire le plongeon.
Mais Hitler servait surtout de contrepoids aux progrès du communisme qui, en Allemagne, était à la fois populaire et effrayant. Les épurations ethniques de Staline, les tueries et les famines étaient des faits connus de tous. Il y avait assez de raisons de craindre le communisme.

Il ne fait aucun doute que si Hitler était mort vers 1938, il serait entré dans l’Histoire comme l’un des plus grands leaders nationaux.
Il n’y avait vraiment rien d’étonnant à ce que Hitler fût populaire, même s’il ressemblait à un vilain cafard.

À la fin de son discours du Salon de l’Auto, Hitler joua cartes sur table avec ses auditeurs. Il l’avait déjà fait avec « Mein Kampf », pour qui avait pris la peine de le lire.
« Sans le programme automobile », prophétisa-t-il, « il n’y a pas d’avenir pour le national-socialisme ! »

De 1934 à 1939, l’Allemagne dominerait le monde des grands prix internationaux comme cela ne s’était jamais vu auparavant.
 

Croquis de Marvano
 
 
 

 Le dessin "clin d'oeil" d'Ever Meulen !

Dossier spécial :
"Les Grands Prix de Formule 1 des années 30"

 

         - Chapitre 1 :
La miraculeuse multiplication des tanks
 

         - Chapitre 2 :
 Le programme automobile du national socialisme

        - Chapitre 3 : 
 L'agenda secret

        - Chapitre 4 : Grand Prix

        - Chapitre 5 :
La Révolte du Long Baiser
 

        - Chapitre 6 :  
Les coureurs

        - Chapitre 7 :
En route pour nulle part

        - Chapitre 8 :  
L'effet Sippenhaft

        - Chapitre 9 :
Le dernier trajet

        - Epilogue
 

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