"Lydie" : l'album à la mémoire de mes racines ou Pourquoi - comme un idiot - j'ai écrit "Lydie" au lieu de scénariser cette série à succès traitant de l'alliance contre-nature entre le Vatican et Satan pour lutter contre les dragons venus de l'espace montés par de superbes nénettes légèrement vêtues (ou quelque chose dans le genre).

À l'origine, cela devait s'intituler "L'impasse du bébé à moustaches", couvrir tout le XXe siècle et même un peu celui dans lequel nous pataugeons pour l'instant. Une grande fresque humaniste. Les destins croisés des habitants de cette impasse. Balzac n'avait qu'à bien se tenir !

Balzac et le Steinbeck de "Tendre jeudi" aussi ! Pour les sentiments. Car le vrai sujet de cette série (si! si! je voulais en faire une série !!) eut été la vie des gens. Des "petites gens" comme ont dit. L'amour, l'amitié, la famille, la mort, … et toutes ces choses. Avec pour seuls effets spéciaux ceux que la Vie nous réserve.

Commercial de la mort, quoi ! Gondoles assurées dans les grandes surfaces et ventes multimillionnaires ga-ran-ties ! Or, comme dans tout artiste il y a un vilain capitaliste qui sommeille et que l'éditeur doit aussi songer à sa rentabilité, la "grande fresque humaniste" fera en définitive un volume. De toute façon, quand on intitule sa série "impasse du bébé à moustaches", il ne faut pas s'attendre à aller très loin !
 
"Lydie" est indéniablement l'album de mes racines… indirectes. Mes parents sont originaires de Boussu, une commune du Borinage, région au sud de la ville de Mons en Belgique. "Lydie" pourrait avoir pour cadre ce Boussu. Comme toute autre petite ville de Wallonie ou du nord de la France…

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Je n'ai connu Boussu que par procuration : par les récits de mes parents, par les visites familiales… Je suis né en effet à Anderlecht, commune de Bruxelles. À 11 ans, nous sommes allés vivre à Mons. J'ai enseigné dans cette région. Plus tard, j'ai vécu mes premières années de mariage à Onnezies qui n'est jamais distante que de quelques kilomètres du Borinage. Autant dire que le Borinage, je lui ai tourné autour sans jamais le vivre de l'intérieur. Mais les histoires entendues, les photos vues, les sentiments perçus restent. Un scénariste est une éponge.

Dans "Lydie", il y a beaucoup des gens de cette région. Et autant d'anecdotes que j'ai vécues (la toilette de la statuette de la Vierge Marie par exemple) ou ai entendues (peindre des moustaches au bébé d'une publicité murale aurait pu être l'une de ces blagues d'étudiants que mon père aimait à me raconter).
 
"Lydie" est comme cette vieille photo de famille qui a toujours traîné sur la cheminée de votre vie. Pour finir, vous êtes persuadé d'avoir connu ces gens, de connaître l'histoire derrière chaque visage. Et ce que vous ne savez pas… vous l'inventez ! C'est mon métier après tout !

"Lydie" est mon hommage au quotidien, à la solidarité humaine et à la gentillesse. C'est mal vu d'être gentil de nos jours. Pourtant, la gentillesse, c'est comme le sucre sur les fraises : ça aide à faire passer les plus amères. Et puis, après, c'est tellement bon de lécher l'assiette !

ZIDROU alias Benoît Drousie Ronda (Andalousie - août 2008)

 
 
 
 

 
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